And She Said…

Publico-private garden of lunatic thoughts Vol. II

Les erreurs pointées par Noctie dans le vol. 8 d’Inuyasha en VF 1 Mai 2003

Filed under: Uncategorized — Noctie @ 3:29

– Tout d’abord, j’aborderai la question de la traduction du mot « yôkai », c’est-à-dire tantôt « monstre » (tome 8, pg 122) tantôt « fantôme » (tome 8, pg 85). J’imagine la difficulté de retranscrire toute la signification d’un tel terme. Cependant, les mots français « monstre » et « fantôme » sont extrêmement connotés et me paraissent plus difficiles à cerner pour un Occidental dans un contexte comme celui d’Inuyasha, où les « fantômes » sont en fait tangibles et concrets et où les « monstres » ne sont pas spécialement méchants. J’aimais beaucoup l’idée du glossaire en fin de volume, aussi me suis-je demandée pourquoi ne pas avoir laissé le mot « yôkai » tel quel (étant donné qu’il revient si souvent) avec une note explicative en fin de volume sur ce qu’est un yôkai.

– Je continue avec un autre concept important de la série: celui des pouvoirs de personnages tels que Kagome ou Kikyo, leur pouvoir de Miko qui leur permet de déceler les morceaux de la perle de Shikon. A la page 13, le terme japonais est « me », soit les yeux, que vous avez choisi de traduire par « regard ». A nouveau, je ne pense qu’utiliser ce terme dans ce contexte soit un choix judicieux. Est-ce vraiment lié aux yeux uniquement? Ou parlerait-on plutôt d’un pouvoir particulier permettant de voir/sentir ce qui est normalement difficile à déceler? Je ne suis pas traductrice, mais une sorte de « feeling » me fait ressentir la bizarreté de ce mot.

– Un autre exemple pg 37 où Naraku dit « Je n’ai pas réussi à voir cette fille ». Ici aussi, plus que simplement la « voir », Naraku n’arrive pas à la « déceler », à comprendre ses pouvoirs. Bien entendu, tout ce dont je vous fais part à présent ne sont que des détails, mais il me semble important pour la compréhension générale de l’histoire.

– Un exemple au niveau de la stylistique à present. Inuyasha vit dans le Sengoku jidai, soit au 15e-16e siècles. Cependant, il a une façon de parler relativement moderne et s’apparentant au langage typique des « furyôs ». Voilà pourquoi il existe, toujours selon moi, une différence de style fondamentale entre « Tu me racontes des conneries » (pg 112) et « Je t’ai déjà dit maintes fois que ce n’est pas ce que tu crois » (pg 184). La seconde proposition me paraît trop fortement éloignée stylistiquement, « maintes fois » étant une expression pour le moins archaïque. Bien sûr, je pense que dans la version japonaise, Takahashi essaie également de ne pas faire d’anachronismes linguistiques: comme lorsque Kagome parle de « tesuto » (les examens) et qu’Inuyasha ne comprend pas ce dont il s’agit car c’est un mot venant de l’anglais. Toutefois, la contradiction entre les 2 façons de rendre la pensée d’Inuyasha me paraît suffisamment importante pour être remarquée.

– Un autre point concerne les nombreuses fois où une bulle est attribuée à un mauvais personnage ou lorsque les liens entre les cases sont faussés. Exemple du premier cas pg 118: Miroku dit « Dans ce cas, cette apparence, il ne veut pas la montrer aux autres. » (je me permets aussi de remarquer le ton peu français) et Shippô répond « Nous qui sommes étrangers à son histoire. » On dirait ici qu’il s’agit d’une continuation de la pensée de Miroku, alors qu’il s’agit de l’indignation de Shippô (en japonais: « Oratachi wa tanin ka? », ce que je comprends comme « On est vraiment des étrangers pour lui ou quoi?! »). Il suffit de regarder l’image pour comprendre qu’il ne s’agit pas d’une simple déclaration, mais que Shippô est bel et bien vexé. Pg 19 également, on retrouve Shippô au fond du puits et les loups viennent de trouver sa cachette. En japonais, il dit « Mitsukatta… », j’imagine qu’il veut dire par là que les loups l’ont trouvé. Aussi pourquoi avoir traduit par « J’ai trouvé »…? En ce qui concerne le deuxième cas, pg 87-88, où Miroku essaie de se débarasser de la princesse, et ensuite où l’on revient à la scène Kagome/Inuyasha, ce dernier commentant  » ‘ttaku, magirawashii onna da ze » traduit par « Elle a l’air chiante, cette gamine ». Je pense qu’il fait ici une réflexion sur Kagome avec qui il vient de se disputer, plutôt que sur la princesse (en effet, on ne dirait pas qu’il l’a rencontrée auparavant).

– Une dernière remarque concerne les noms/titres et autres phenomènes typiquement japonais mais quasiment intraduisibles en français. Exemple cette fois à la page 82 où le moine Seikai interpelle Kikyô (« Miko-dono! », rendu par « Chère miko! »). L’idée de respect est bel et bien présente, mais cela me paraît particulièrement étrange d’interpeller quelqu’un en commençant par « Cher… ». Ne pourrait-il pas l’appeler « ma soeur » pour faire appel à un élément religieux connu des occidentaux? Ou alors paraphraser selon le contexte, ici « Attendez! » ou quelque chose du même genre? Pg 79, par contre, c’est l’inverse: « Soko no o-houshi-sama. » devient « Eh, le bonze. » ce qui me semble loin du rapport honorifique que Kikyô place dans la phrase japonaise. Ici aussi, une paraphrase du style « Excusez-moi » pourrait convenir, de manière à communiquer l’idée plus que l’interpellation difficile à traduire en français.